
Ukraine : Le poker géopolitique menteur de Washington
Washington persiste à proposer un plan de sortie de crise en Ukraine inacceptable pour Moscou
Soit ils en sont pleinement conscients et cherchent à se dégager du conflit le plus vite possible, soit ils cherchent en réalité à poursuivre le conflit, en donnant le temps aux Européens de se substituer aux Américains pour les livraisons d’armes (en s’approvisionnant principalement aux Etats-Unis), et d’aggraver la fracture géopolitique entre leurs supplétifs, l’axe France- Royaume-Uni-Allemagne-Pologne et la Russie, l’objectif géopolitique central de Washington dans ce conflit depuis des décennies
Les propositions de Mr Kellog, pourtant déjà rejetées par Moscou sont pourtant à nouveau recyclées.
-La remise à plus tard de la question de l’élargissement de l’Ukraine à l’OTAN est inacceptable pour Moscou qui veut un abandon définitif
-Le gel du front est tout aussi inacceptable car Moscou a bien précisé que les régions qui ont déclaré leur rattachement à la Russie devraient être évacuées dans leur entièreté par l’armée ukrainienne .
-un cessez-le-feu préalable à toute négociation, sans arrêt de livraisons d’armes à Kiev est destiné à renforcer l’armée ukrainienne en difficulté, et escamoter et éviter l’enjeu géopolitique primordial, à savoir la négociation d’une nouvelle architecture européenne de sécurité exigé par Moscou.
-Le déploiement de troupes de pays de l’OTAN en Ukraine de l’Ouest, n’est pas plus acceptable car cela revient à faire de l’Ukraine résiduelle de facto un membre de l’OTAN, ce qui est sous -entendu par les Européens de l’OTAN et l’UE otanisée dont le nouveau livre blanc sur la défense de l’UE consiste à armer l’Ukraine sur le long terme.
-De plus, Washington, n’est pas un intermédiaire neutre dans ces éventuelles négociations, puisque les livraisons d’armes à Kiev se poursuivent, ils sont cobelligérents avec les européens de l’OTAN avec l’Ukraine contre la Russie. L’idée d’une supervision de tout cessez-le-feu par Washington, qui est juge et partie, est absurde.
Les Etats européens de la coalition de volontaires (Paris, Londres, Berlin, Varsovie) pour envoyer des troupes d’interposition en Ukraine font de la sous-traitance géopolitique de Washington, puisqu’ils visent à remplacer les Américains sur un mode tactique (des unités militaires supplétives) mais selon les priorités géopolitiques de Washington, c’est à dire le contrôle et l’élargissement du Rimland à l’Ukraine en poussant encore à l’expansion géopolitique de l’OTAN pour fragmenter le Monde russe dont le Russie constitue le cœur et réduire le glacis de la Russie.
C’est l’inverse de l’autonomie stratégique européenne car la vassalisation géopolitique des européen se renforce en réalité selon ce schéma, faute de doctrine géopolitique indépendante de la part des Etats membres de cette coalition de volontaires, et qui place les européen comme acteurs secondaires et disqualifiés pour une négociation avec Moscou
En réalité, l’enjeu principal de ce conflit, c’est le nouvel ordre spatial et géopolitique multipolaire avec la reconnaissance des zones d’influences, qui est déjà de facto devenu la réalité en faveur de Moscou puisque les territoires réunifiés à la Russie le sont définitivement et l’élargissement de l’OTAN est désormais impossible. Mais Washington chercher à escamoter cette réalité du terrain, car négocier un nouveau traité spécifiant l’arrêt de l’élargissement de l’OTAN, c’est inscrire dans le droit international ce nouvel ordre spatial et donc reconnaître la victoire de la Russie et la défaite de l’axe Washington-OTAN-UE-Kiev.
Tant que Washington, ne reconnait pas ce nouvel ordre géopolitique, le conflit se poursuivra. Soit jusqu’à la chute de Kiev si Washington se retire mais pousse les Européens au front pour le soutien à Kiev (sous-traitance géopolitique) alors qu’ils n’en ont pas les moyens , soit une aggravation, une escalade et un élargissement éventuel du conflit si Washington persistait à refuser les nouvelles réalités en renforçant les sanctions économiques et la cobelligérence de manière directe, option moins probable.
Une négociation sur les enjeux de fond, c’est-à-dire une nouvelle architecture européenne de sécurité, le véritable enjeu géopolitique, et sans cessez-le-feu préalable, ne peut que se dérouler principalement entre Moscou et Washington, puisque ce conflit résulte de la rivalité entre la Russie et le Etats -Unis, Kiev n’étant qu’un instrument, un proxy de Washington et ses supplétifs de l’OTAN à la souveraineté limitée (mis à part le pouvoir de nuisance). La Russie de son côté, n’abandonnera jamais ses objectifs affichés, puisqu’il s’agit selon son point de vue d’un intérêt vital.
La sortie de crise et l’arrêt des combats n’est donc pas envisageable sans aborder de manière parallèle une nouvelle architecture européenne de sécurité, c’est-à-dire dépasser l’ancien ordre spatial obsolète car basé sur l’ordre euro-atlantiste exclusif au profit d’une configuration plus équilibrée, excluant définitivement l’expansion euro-atlantiste vers l’Europe orientale et l’Eurasie.
